Ça me fait bizarre de t'écrire après avoir lu ton livre L'enfer d'une fille de rue. J'ai l'impression qu'il s'est créé une proximité entre nous alors que nous nous sommes jamais rencontrées ni même parlées (hormis pour un Sp). Je me permets de te tutoyer est j'espère que cela ne t'offusque pas. Je tiens tout d'abord à te souligner que j'ai énormément apprécié ta plume. Tu as une façon unique d'écrire et transmettre les émotions et informations. Dans un second temps, j'avoue humblement ne pas avoir pris conscience du service que tu m'as demandé. Écrire un retour littéraire concernant un roman est une chose mais le faire concernant la vie d'une autre personne est totalement différent. À maintes reprises pendant la lecture, je me suis questionnée à savoir de quelle façon j'aborderai la chronique. Et encore aujourd'hui, la question est bien présente. Qui suis-je pour commenter ton livre? Je n'ai pas marché dans tes bottes. Je n'ai pas vécus les évènements que tu as vécu. Cependant, ton périple m'a bouleversée énormément. Il m'a permis de me poser et de prendre conscience de la fragilité de la vie et de l'équilibre précaire de nos modes de pensées. Je t'avoue que j'ai dû prendre une pause de lecture de ton roman, car je me sentais totalement dépassée. Comment transposer ton vécu à mon expérience de lecture afin de rendre un retour de lecture digne de ce nom. J'ai ouvert ton roman à un moment important de ma vie et ce, sans m'en rendre compte. Je suis en plein processus de réappropriation de ma personne depuis quelques temps. Or, la troisième partie de ton livre est venu me confirmer en quelque sorte que je suis sur la bonne voie. ( ...) J'ai lâcher-prise , cet été, sur plusieurs points car j'étais entrain de me rendre malade. Or, plus le temps avance et plus je me reconnecte avec mon Moi. Donc, dans ce cheminement, certaines limites se posent naturellement. Je tiens à respecter celles-ci et me respecter. Donc, certains choix deviennent nécessaires pour Mon propre bien. ) J'ai pris conscience que la validation par les autres étaient très importantes pour moi et que j'avais tendance à m'auto-sabotter. Pendant la lecture, je me suis tellement reconnue à certains moments. Je me suis dit : " what? Comment une personne que je ne connais pas peut autant me représenter dans telles ou telles situations ou émotions ? " Bien que ton roman se veut un message de résilience, d'espoir et de transcendance envers les plus démunis et la serophobie, je crois qu'il peut être un outil afin d'aider M. Et Mme tout le monde. Il offre une vision différente et ouvre une fenêtre sur la réalité de la vie de rue. C'est un privilège de pouvoir te lire. Je ne sais toujours pas de quel façon de rédigerai ma chronique car c'est une expérience profondément personnelle cette lecture. Honnêtement, je ne sais pas si j'ai envie d'exposer une partie de ma vulnérabilité. Encore là le regard des Autres... la crainte du jugement...
Une autre question me hante depuis la lecture: comment peut-on rédiger une chronique littéraire sur un fait vécu ? Encore cette fameuse question, que mon Moi reformule différemment... finalement je crois que tu capteras facilement mes non-dits. Je vais prendre le temps de me poser et de voir comment rendre cette chronique. C'est tout un défi mais je suis prête à le relever. Comme tu dis souvent 1-2-3, go! Merci de me permettre de me remettre en question mais aussi de remettre en question la façon de rendre des retours littéraires. C'est un cadeau précieux. Je te ferai parvenir la fameuse chronique lorsqu'elle sera écrite. Merci infiniment pour tout ce que ton livre m'a apporté !
Sincèrement et avec une véritable gratitude,